Le résultat de photos stéréo, deux vues d'une photo correspondant à l'œil gauche et à l'œil droit ce qui a pour effet de restituer la profondeur, de détacher les plans. A la mode dans les années 50, transposé aujourd'hui à Tokyo avec un appareil d'époque, un Kodak Stereo.
Pour visionner l'effet, télécharger l'image, la mettre plein écran, se mettre en face des images, à une vingtaine de centimètres, laisser aller le regard...
Série de photos sur le pont du bateau au retour d'Ogasawara. Traversée d'un orage dans le Pacifique au moment du coucher du soleil dans des dégradés de bleus sublimes.
Les îles Ogasawara sont aussi connues sous le nom anglais de Bonin islands, une lecture du japonais "bunin" qui signifie "personne" ou "inhabité". Ces îles sont à 1000 km de Tokyo dont elles dépendent administrativement. Seul un bateau peut y amener, 25 heures de traversée pour se retrouver sur de minuscules bouts de terres volcaniques ou coralliens, habités sur l'île principale par 2000 habitants. Un autre bout du monde au milieu de nulle part, un secret d'initiés difficile à localiser sur une carte, ce qui doit jouer en sa faveur pour sa préservation. Car Ogasawara ressemble à un paradis, eaux turquoises et peuplées de poissons tropicaux, dauphins et raies mantas, route au large des baleines, végétation luxuriante et vie douce au soleil au rythme contagieux. A tel point qu'on en oublierait la passé redoutable de ses îles pendant la seconde guerre mondiale, par exemple la bataille d'Iwo Jima, une des îles de l'archipel. Quelques traces sont encore visibles, épaves de croiseurs torpillés reposant dans la mer ou débris d'avions que la nature recouvre, efface et digère petit à petit. Ambiance, Jolie Holland, Darlin Ukulele.
Derniers préparatifs avant le retour à Paris, déjà 3 mois ici. L'impression d'être entre la pluie et le soleil. À suivre au retour, d'autres images du Japon pas encore éditées, d'autres lieux et personnes. Suggestion d'accompagnement : Time to go par Supergrass.
À l'extrémité est du Japon, sur l'île la plus septentrionale Hokkaido, il y a le cap Nosappu et au-delà, l'archipel des brumes. Quatre îles des Kouriles du sud, aujourd'hui russes depuis que l'Armée Rouge les a conquises juste après la fin de la guerre en 1945 et en a fait son trésor de guerre. Des positions hautement stratégiques puisqu'elles contrôlent l'accès entre la mer d'Okhost et le Pacifique. Ces îles, Kunashiri, Etorofu, Shikotan et Habomai, autrefois japonaises et depuis vidées de leur population, sont revendiquées par le Japon. Partout dans le port de pêche de Nemuro, à 20 km de là, s'affichent des slogans en japonais et russe, jusque sur la façade de l'hôtel de ville. "Ces îles sont à nous, rendez-les nous !". On peut même remarquer que sur les cartes météo à la télévision, les îles font partie intégrantes du Japon !
Au cap Nosappu brûle une flamme éternelle symbolisant l'attachement aux îles. Ces îles qu'on ne peut qu'imaginer dans un océan de brumes. Des groupes de Japonais viennent ici en pèlerinage sonner la cloche de l'espoir, un appel vers ces îles invisibles. C'est un endroit où l'histoire est en marche. Les Japonais ne cessent de réclamer leur rétrocession et ont inscrit le sujet unilatéralement lors du dernier sommet du G8, précisément à Hokkaido, ce qui a fortement déplu à la délégation russe.
Il y a eu quelques avancées, des rencontres, dégels et espoirs bien qu'en août 2006 un pêcheur japonais ait été abattu par des militaires russes à quelques encablures du cap Nosappu. Mais aujourd'hui, ces îles, qui représentent environ 5000 km2 soit 1,3% du Japon et 0,03% du territoire russe, sont toujours la pierre d'achoppement qui empêche la signature d'un traité de paix depuis 63 ans.
Les îles sont quasi inhabitées, quelques militaires russes échoués et une population de 17000 habitants oubliés de Moscou qui se tournent vers le Japon si proche pour se ravitailler. Au large du cap en hiver dérivent des blocs de glace, le climat est rude et sur les îles les infrastructures quasi inexistantes.
À Nemuro, les panneaux sont bilingues, les écoles accueillent des enfants russes et un centre culturel a même été crée pour rapprocher les deux peuples. Mais le statu quo est complet.
Au delà de la politique, c'est bien le commerce qui prévaut. Les eaux froides sont particulièrement poissonneuses et on y trouve le crabe géant d'Hanasaki, très prisé des Japonais, mais aussi des Chinois ou Coréens. Les bateaux russes les débarquent à Hanasaki, port de pêche situé à 5km de Nemuro sur le Pacifique, et repartent vers les îles avec vivres et équipement. Seuls quelques Japonais triés sur le volet peuvent se rendre sur les terres de leurs ancêtres épisodiquement, selon les autorisations délivrées par les Russes.
Le bout du monde est noyé dans les brumes et celles-ci ne sont pas prêtes à se dissiper...
À écouter, ambiance au cap Nosappu, face aux îles.
Yubari est une ville qui s’étire le long d’une route de plus de 30 km, encaissée au fond d’une vallée, cernée par les montagnes, loin des grands axes sur l’île d’Hokkaido, l’île au nord du Japon au rude climat.
Yubari est célèbre au Japon. Et pour cause. 500 Millions de dollars de dettes pour une population qui est passée de 120000 habitants dans les années 60 quand les activités minières de la ville culminaient à un peu plus de 12000 habitants aujourd’hui. En majorité des personnes âgées qui doivent faire face à une dette publique sans précédent au Japon.Une ville en banqueroute. Un parc d’attraction en démolition, des musées vides qui n’ont pratiquement rien à exposer et dont on allume les lumières quand se présente un improbable visiteur, des routes neuves mais sans passage, des maisons à l’abandon et des commerces dont les stores restent désesperément baissés, des écoles à l’abandon. Et surtout, pas de visiteurs.
La démesure des projets pharaoniques entrepris ici en dépit du bon sens apparaît évidente. Tokyo a versé beaucoup d’argent, soutenu énormément de projets peu viables à un moment où Yubari tentait une reconversion pour devenir un centre touristique important. Beaucoup de choses ont été essayées pour sortir la ville du marasme post-fermeture des mines. Un festival du film aujourd’hui victime des coupes budgétaires et dont on peut voir les reliques qui s’affichent sur les façades des maisons le long de la route principale, l’activité liée au melon de Yubari et ses produits dérivés. Des pistes de ski, des hôtels de grandes capacités, des musées à propos des fossiles, des mines, du melon, des animaux naturalisés, un autre sur la vie dans les années 50 au titre évocateur et nostalgique « Nous étions pauvres mais heureux à cette époque », une grande roue, des montagnes russes, des piscines avec toboggan, des restaurants…
Aujourd’hui, la ville ressemble par endroits à une ville à l’abandon, à l’arrêt. Les jeunes pensent à partir et les rares personnes rencontrées là demandaient à chaque fois ce que venait faire un visiteur comme moi dans cette ville. Une ville fantôme au sein de la deuxième économie mondiale, à 1000 km et des années lumière de la brillante Tokyo.