vendredi 5 juin 2009

The 'Finding J. project'


Je ne sais plus comment ça a commencé. Peut-être une discussion un soir à Tokyo. Je suis à la recherche d'endroits et surtout de connexions entre les endroits et les histoires. Entendre parler pour la première fois de J. Chercher, trouver, comparer les informations, se dire que J. a un destin hors-norme, une histoire vraie et incroyable.
Retrouver J. aujourd'hui. Rien de sûr, le projet me dépasse, renoncer.
Puis un matin, la révélation. Aller à Sado, absolument. Évidemment. Trouver J. ou non, faire des photos, au pire de l'absent. Le sujet se tient. Sado, île de l'exil et des bannis. Et surtout J.
J., c'est Jenkins, de son nom complet Charles Robert Jenkins.
L'histoire débute en hiver 1965 en zone démilitarisée entre les deux Corées. Jenkins a 24 ans, engagé dans l'armée US pour servir en Corée du Sud. Il disparaît alors qu'il est à la tête d'une patrouille de 4 soldats. Désertion, enlèvement ?
On retrouvera sa trace l'année suivante faisant la couverture d'un pamphlet anti-américain en Corée du Nord.
Il vivra pendant 20 ans avec 2 autres Américains dans une seule pièce, régulièrement battu.
Il sera également professeur d'anglais à l'université de Pyongyang où il rencontrera sa future femme, une Japonaise originaire de l'île de Sado, enlevée en 1978 par des espions nord-coréens en compagnie de sa mère dont on reste aujourd'hui sans nouvelle. Sa femme sera autorisée à rejoindre le Japon en 2002. Mais sans lui et leurs 2 filles.
Commence alors un cyclone diplomatique dans lequel se retrouve Jenkins. Les Américains veulent le récupérer pour juger sa désertion, gênante en pleine guerre d'Irak, lui veut rejoindre sa femme et a l'appui du premier ministre japonais en campagne, mais des accords existent entre le Japon et les États-Unis qui pourraient l'extrader et la Corée du Nord possède une carte intéressante dans son jeu qu'elle ne veut pas lâcher.
Après tractations en terrain neutre, Jenkins rejoindra finalement sa femme en 2004. Un jugement par une cour militaire américaine le condamnera à une peine symbolique d'un mois. Il mène aujourd'hui une vie tranquille sur l'île de Sado, dont les côtes font face à la Corée du Nord, en travaillant (tous les jours, sauf le mardi) au magasin de souvenirs du musée dédié à l'histoire de l'île.
Lire et relire l'histoire de Jenkins et se demander s'il sera là. Et comment. Le 'Finding J. project', repenser à tout ça sur le pont du ferry, en voyant émerger des brumes les côtes de l'île de Sado, le dernier exil de Charles Robert Jenkins.

Pour en savoir plus, des liens vers un article du Time et un autre de The Independent.
Une brève de Libération sur le sujet.

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